Méthodologie des concours, découvrez l'écriture algorithmique

ecrit Par

Thomas Flichy de la Neuville

Professeur de géopolitique, Habilité à diriger des recherches

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September 18, 2023

Voici une horloge permettant à vos chevaux de sauter l'obstacle du concours. Cette horloge est celle de l’écriture algorithmique. Cette écriture – rarement enseignée - permet à tout étudiant se préparant à une dissertation ou à une présentation orale de transmettre sa pensée de façon claire et efficace. L’approche artisanale qui est la nôtre résulte de l’expérience personnelle des concours et de la préparation des candidats à ces épreuves. Ceux qui réussissent le mieux ne sont ni les plus cultivés ni les plus originaux. Ils ’agit le plus souvent d’esprits pratiques, parfois un peu ternes, mais très disciplinés. La réussite repose en effet sur la maîtrise d’une méthode simple et rigoureuse, qui consiste à monter une introduction, un chapeau de partie, un paragraphe, une transition de partie et une conclusion dans les règles de l’art. Cette petite mécanique peut être réduite à une suite d’algorithmes. Une fois les cadres posés, les candidats pourront s’amuser avec la partie décorative. La France valorise en effet à la fois la logique de la spéculation abstraite et l’ornementation passagère du raisonnement. Dans ses mémoires, le Prince de Talleyrand a un jugement sur Calonne illustrant admirablement bien la valorisation française de ces deux traits :

 

« M. de Calonne avait l'esprit facile et brillant, l'intelligence fine et prompte. Il parlait et écrivait bien ; il était toujours clair et plein de grâce, il avait le talent d'embellir ce qu'il savait et d'écarter ce qu'il ne savait pas. »[1]

 

facile et brillant, clair et plein de grâce. Telle est la formule chimique à deux composantes formant l’horloge ornée de la dissertation française.

 

Mais pour de nombreux candidats demeure une hantise, celles des connaissances. Cette hantise peut être surmontée de la façon suivante :avant un concours, il convient d’inventorier l’ensemble des sujets possibles en épuisant l’ensemble des sources disponibles. Ce travail de renseignement effectué, il conviendra de diviser les sujets possibles en un certain nombre de familles, disons une dizaine. Il suffira alors de traiter chaque famille de sujets sous la forme d’une dissertation en isolant soigneusement les pastilles de connaissances formant la matière dure de la mémorisation. Ces pastilles sont de trois ordres : accroches d’introduction, ouvertures de conclusion et exemples polyvalents. Les exemples fournissent en effet la matière dure de la dissertation. Ces carottages très précis, colorés et détaillés permettent de donner l’illusion du savoir. Ils sont enrobés par des idées générales et une argumentation allusive qui ne demande guère de mémorisation. Les exemples sont les idées-images aptes à distraire le correcteur.

 

Avec une méthode artisanale éprouvée et une masse très réduite de connaissances, vous passerez l’obstacle non en force mais en souplesse. Si vous voulez bien nous suivre, nous vous transmettrons cet art en peu de temps.


[1]Charles-Maurice de Talleyrand, Mémoires du Prince de Talleyrand, Paris, 1891, p. 103

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